Un homme à la mer

C'était la première fois de Makoto sur un bateau et il s'était longtemps demandé comment il allait supporter d'être constamment sur l'eau, ballotté par les vagues. Mais visiblement, tout allait bien. Il n'avait pas l'impression d'avoir le mal de mer, du moins pas pour le moment, et il arrivait à tenir sur ses deux jambes sans se casser la figure. Peut-être même qu'il était capable de courir mais il ne voyait pas l'intérêt d'essayer. Au final, garder son équilibre était beaucoup plus simple qu'il ne l'aurait pensé et, à part au début où il s'inquiétait un peu des effets de l'apesanteur, il n'avait absolument pas eu besoin de s'accrocher à tout ce qu'il trouvait pour rester debout. Il se sentait bien rassuré. Il avait décidé de parcourir le monde sur un coup de tête sans vérifier sans s'il avait ou non le mal de mer après tout.

Ses premières craintes passés, il avait décidé de visiter un peu le navire. Pour le moment, il avait trouvé ce qui l'intéressait, à savoir sa cabine et l'endroit où il devrait travailler. Est-ce que les téléphones captaient sur l'eau ? Sa batterie était à plat et il avait la flemme d'aller la recharger. D'ailleurs, avait-il vu des objets électriques ? Il aurait mieux fait de se renseigner un minimum avant d'embarquer, il n'était même pas capable de dire s'il allait devoir s'éclairer avec une lampe ou une bougie. Dès qu'ils seraient à terre, il irait dévaliser les rayons sur le sujet dans les librairies. Même s'il était probable que, d'ici là, il ait toutes les informations dont il aurait besoin. Mais pour le moment, repérer les différents endroits lui paraissait nécessaire s'il voulait se retrouver un minimum quand il ferait autre chose que son service.

Il était donc en train de rêvasser en se dirigeant vers l'arrière, dont il avait oublié le terme technique caractéristique, imaginant les photos magnifiques qu'il pourrait prendre pendant le voyage, bien que la mer valait plusieurs clichés à elle seule, quand il entendit une voix de femme crier.

"Un homme à la mer !"

Pardon ?! Il n'était pas sauveteur non plus mais en même temps, il était préférable qu'il aille voir plutôt que passer son chemin, il en était bien conscient. Non assistance à une personne en danger, même sur un paquebot, ça pouvait coûter cher ... même s'il voyait mal la capitaine le mettre à la corvée de patate jusqu'à la prochaine escale. Dans le doute, il courru, vérifiant ainsi qu'il en était capable, jusqu'à l'arrière d'où semblait venir la voix. En voyant une femme, plutôt belle, pas vraiment son genre, penché sur l'eau, comme si elle cherchait à voir les petits poissons dans le fond, il se souvint qu'il ne serait pas d'un immense secours, ne sachant absolument pas comment on était censé aider une personne coulant.

Mais, à bien y réfléchir, elle ne semblait pas non plus vraiment inquiète. Peut-être que ce n'était pas elle qui avait crié ... Peut-être que c'était juste une plaisanterie. Ou peut-être qu'il devenait sérieusement fou et que, tel Jeanne D'Arc, il commençait à entendre des voix ? Dans le doute, il interpela ce qui semblait-être une passagère, espérant qu'elle pourrait lui donner plus de détail.

"Vous n'auriez pas vu quelqu'un tenter un plongeons ?"

Une façon comme une autre de demander si un si un suicidaire n'était pas passer dans le coin et, du même coup, s'il y avait vraiment un homme à la mer dans le coin.

[HJ => Pardon, je n'ai absolument pas contrôlé la taille ]

Visiblement, la jeune femme ne s'attendait pas à être interrompu dans sa contemplation de l'étendu transparente, qu'elle aurait pourtant tout le loisir de contempler pendant le voyage, autant que cela était possible. Et visiblement, elle n'était pas ravie de l'intervention héroïque de Makoto, qui ne demandait pourtant qu'à être serviable, pour une fois. Il n'y avait pourtant rien de bien étrange à ce, qu'en entendant un cri, quelqu'un vienne voir ce qu'il en était. Surtout que, lorsque la passagère à l'identité inconnue avait sursauté, il avait été presque sûr d'entendre un "plouf", bruit significatif d'un objet (ou d'une personne) tombant dans l'eau sans aucune délicatesse. Un cadavre ? Cette femme était une criminelle ?

Elle baragouina une réponse sans queue ni tête qui firent pencher la balance vers les soupçons d'assassinat. S'il se dépêchait, il pouvait peut-être encore récupérer le corps et prévenir tout le monde de ce à quoi il venait d'assister. De toute façon, il n'y avait visiblement plus rien à faire pour le malheureux qui était passé par dessus le bord. Mais alors, qui avait crié ? Toute cette affaire était particulièrement compliquée et il n'avait jamais eu l'âme d'un Sherlock Holmes. Sauf si la personne qui avait fait "plouf" était la personne qui avait hurlé mais cette femme disait que c'était elle qui l'avait fait ...

"Vous ne pouviez pas vous annoncer de façon plus conventionnelle ? Regardez ce que vous m'avez fait faire. J'ai perdu la boîte. Elle est tombée à l'eau. Les gens disent "Bonjour" en général ou que sais-je."

Parce qu'elle avait dit "bonjour", elle, peut-être ? Elle avait tout de suite commencé avec ses explications confuses à propos du cri, de ce qui s'était passé et du plongeur mystérieux. Sur ce point, ils étaient à égalité, inutile de lui faire la morale. Quand à sa boite ...

"Vous pourrez en acheter une autre, ce n'est pas comme si on n'en trouvait pas à chaque coin de rue. J'en ai même une très belle dans ma valise si vous voulez."

Ce n'était, bien sûr, pas vrai, du moins pas si ses souvenirs étaient bons. La seule "boite" qu'il avait devait à présent être aplatis sous les vêtements puisqu'il s'agissait d'un origami que sa sœur lui avait fait avant son départ d'Angleterre ... Les boites, c'était la seule chose qu'elle ait réussi à faire jusqu'à présent donc elle lui avait offert ce cadeau original qu'il trainait depuis plusieurs années dans ses affaires et qui ne ressemblait plus à rien à présent.

"Quand à ma 'façon de m'annoncer', dois-je vous rappeler qu'à la suite de votre appel au secours, il est normal que j'ai trouvé la vie potentielle d'un homme en danger plus importante que des civilités ?"

"Civilités" ... "la vie potentielle" ... Où était-il parti chercher un vocabulaire pareille ? Travailler sur un paquebot avait au moins le don de lui faire chercher des mots un peu plus soutenus que les grossièreté qu'il était habitué à sortir pour s'exprimer. Ce genre de langage était presque plus sympathique à utiliser car permettait une certaine ironie dans des situations types, à ne pas oublier.

[HJ => Les gens appellent souvent ça être synthétique et c'est assez souvent valorisé ^^]

"Il aurait sûrement eu le temps de se noyer une bonne douzaine de fois le temps que vous arriviez, ça, au moins, c'est sûr. Mais passons..."

Makoto ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose mais ne trouva rien d'assez cassant pour mériter d'être dit à cette prétentieuse jeune femme. Il savait pertinemment que, quand on sortait des choses bancales, il était plus intéressant de rester silencieux car, sinon, nos belles paroles avaient toutes les chances de se retourner contre nous, ce qui n'était jamais sympathique à vivre.

Et puis arriva une chose qu'il n'attendait absolument pas. Des excuses ? Quelle genre de stratégie était-elle en train d'adopter ? Celle de la gentille petite cliente en face du vilain jeune homme qui cherchait les ennuis en embêtant une pauvre passagère ? Ou bien était-elle sincère ? Il n'avait pas vraiment envi de savoir et n'arrivait même pas à profiter de sa pseudo victoire contre la jeune femme. En tout cas, ce n'était pas juste parce qu'elle s'était montrée plus mature que lui qu'il allait, à son tour, lui présenter des excuses pour son comportement un peu cavalier. Non mais oh !

"Je m'appelle Marie Morgann, et malgré le contexte quelque peu étrange, enchantée de faire votre connaissance."

Un petit soupire aussi discret que possible profita d'un moment inattention du serveur. Les gens de bonne famille avait un comportement qu'il n'arriverait jamais à prédire, c'est comme s'ils avaient des prédispositions pour les bonnes manières. Ils peuvent vous chercher des noises et, trente secondes plus tard, se conduire comme la personne la plus respectable de notre planète. C'était parfois tellement difficile à gérer ...

"Makoto Tokui, j'espère au moins que vous aurez compris qu'on ne cri pas au loup sans raison valable"

Rancunier ? Mais non, si peu ! Juste qu'il aurait pu continuer sa visible bien tranquillement et, au lieu de ça, il se retrouvait à se taper la discut' avec une demoiselle tout sauf charmante, même si elle essayait de faire paraitre le contraire avec ses phrases polies et sa tentative de réconciliation, même si, en réalité, il n'y avait rien à concilier du tout.

"Maintenant que nous sommes amis, j'espère que j'aurais le droit à l'exclusivité sur notre suicidaire ..."

[HJ => Je préfère la taille des tiens ... l'herbe est toujours plus verte chez le voisin XD]

"Mais bien sûr, j'ai été d'une bêtise. Je ne le constate que maintenant malheureusement, mais grâce à vous."

Il semblait clair qu'ils ne pourraient pas s'entendre. Entre elle qui avait l'air d'essayer de se retenir pour ne pas lui hurler dessus et lui qui la provoquait délibérément, si ça ne dégénérait pas, ça ne serait pas grâce à Makoto qui préparait déjà mentalement sa prochaine attaque. Sinon, cette conversation allait vite se caractériser par un ennui profond, même s'il était très amusant de se dire qu'elle essayait de rester calme malgré ce qu'il pouvait bien raconter, même s'il avait parfois l'impression de sentir un soupçon d'ironie glissé entre deux phrases, comme ce "grâce à vous" peu sincère ou encore lorsqu'elle avait admis sa propre bêtise. Soit elle était maligne et voulait éviter une bagarre dès le premier jour, soit elle était bête et ne s'en rendait pas compte. Et il penchait plutôt vers la première solution.

"Hum... Vous visitiez le paquebot ?"

Ou pas ... Même si, techniquement, la question n'était pas complètement stupide puisqu'il aurait très bien pu venir briquer le pont, même s'il ne portait pas vraiment des vêtements adaptés à ce genre d'exercice. En tout cas, elle lui parut complètement dénuée d'intérêt et il hésita un moment entre l'ignorer et aller profiter de la vie ou y répondre très sérieusement. Il trouva finalement un compromis entre les deux et y répondit tout en profitant de la vue en se promettant de ne plus sortir de la cabine sans appareil photo.

"Non, je vais acheter ma baguette de pain pour le réveillon du nouvel an ..."

Mauvaise idée, voilà qu'il avait envi de manger maintenant. Peut-être pourrait-il aller piquer quelques gâteaux dans les cuisines quand il irait travailler.

"Et vous, vous venez cherchez de l'eau pour la soupe ?"

S'il continuait, la discussion allait, vraiment, devenir complètement absurde.

[HJ => Nan, chez moi c'est de l'herbe à chat ... Y'a pas plus gros comme smiley ? XD]

"Vous êtes arrogant, cynique et impoli. Est-ce le cas pour tout les jeunes hommes de votre âge ? Ou alors, je vous ennuie à ce point peut être ? Dans ces cas là, passez votre chemin et oublions cette rencontre qui a été déplaisante pour nous deux."

Les bonnes manières avaient déjà été abandonné ? Rapide. Quoi que ... Même si elle l'envoyait voir ailleurs si elle y était, elle n'avait pas été vulgaire et ses mots semblaient peser pour ne pas dépasser sa pensée ce que Makoto était bien incapable de faire lorsqu'il était énervé. Même là, elle réussissait à avoir plus de retenu que lui, ce qui était à la fois admirable et particulièrement énervant pour ceux incapables de faire de même. Restait à savoir si c'était le fruit d'une bonne éducation ou simplement d'une capacité naturelle à garder son calme.

Il ne répondit pas aux questions qu'avait posé la jeune femme, ayant l'impression qu'elle n'attendait pas réellement de réponse de sa part et n'en ayant pas vraiment à lui fournir qui lui plaisait pour le moment. Fort heureusement, une nouvelle intervention de miss Marie le sauva de la profonde réflexion dans laquelle il s'était lancé, cherchant s'il devait répondre ou conserver le silence.

"Ou alors, vous pouvez arrêtez de me considérer comme une riche idiote et pour ma part, je peux arrêter de vous voir comme un jeune crétin. Et ainsi, nous pouvons essayer de recommencer depuis le début. Réellement cette fois-ci. Qui sait ? Nous pourrions même trouver des qualités l'un à l'autre et peut être, nous entendre."

Alors là, elle rêvait tout éveillé. Lui trouver des qualités ? Et elle lui en trouvant ? Non pas qu'il n'avait que des défauts, simplement que les débuts avaient été tellement désastreux qu'on ne pouvait pas décemment oublié ce qui venait de se passer, tout effacer, et chercher ce qui pouvait bien être merveilleux chez le voisin. Quand à arrêter de la considérer comme une riche idiote, ça devait bien être possible, bien que très difficile après l'image qu'il s'était fait d'elle. Et puis ... jeune crétin ... ce n'était pas non plus comme s'ils avaient quarante ans de différence, elle n'avait pas l'air bien vieille non plus. Ou c'était juste lui qui ressemblait encore à un gamin ?

"Recommençons donc ... Où désirez-vous allez ? Vous êtes ici pour faire une longue croisière ou bien avez-vous une destination précise ?"

[HJ => Pas grave, ce genre de choses arrivent parfois. ^^]

"Une longue croisière. Je n'ai pas de destination précise en tête. Je veux juste... Voir le monde dans son ensemble. Et vous ? Pour quelle raison avez-vous entamé cette traversée ?"

Voilà qu'elle commençait à se montrer curieuse. Peut-être qu'elle avait vraiment l'intention de calmer le jeu pour cette première rencontre. Peace and love in the world brother ! C'était un peu l'impression qu'elle lui faisait pour le moment, même si elle ne ressemblait absolument pas à une partisane de la paix dans le monde. Qui sait, les choses pouvaient peut-être, avec une bonne dose de chance et de courage, changer légèrement entre eux deux. ça ne serait jamais l'amour fou mais pas besoin pour autant de déclarer la guerre.

Ah oui, sa question, pourquoi est-ce qu'il avait décidé de faire une petite croisière en fait ? Il allait ouvrir la bouche pour lui répondre mais elle le pris de vitesse, à se demander si sa réponse l'intéressait vraiment où si elle faisait ça uniquement pour l'embêter et le forcer à parler comme un être civilisé. Ce n'est parce qu'il s'habillait bien qu'il était une personne à la sociabilité infaillible, il fallait bien qu'elle l'apprenne un jour et le plus tôt serait le mieux, au cas où ils se recroisent ... Sauf que ce qu'elle disait n'était pas si con ...

"C'est à se demander comment font certains pour fixer la beauté de tels paysages."

"Voilà votre réponse. Je suis là pour le ... les paysages. Chaque endroit en mer est différent à sa façon. Je suis étudiant en photo alors j'ai décidé de prendre du temps libre pour voir des paysages divers et avoir de magnifiques photographies"

Sans le savoir, Marie avait touché la corde sensible de Makoto qui, une fois qu'il s'agissait de paysage et de photo, pouvait devenir beaucoup moins désagréable. La mer était vraiment magnifique, s'en était presque magique. Il avait bien fait de choisir d'embarquer, quitte à devoir reprendre ses études au début à son retour.

"Je serais ravie de voir votre travail, enfin, quelques clichés à vous. Je vous avoue que je ne m'y connais pas vraiment en art et encore moins en photographie, mais comme la plupart des gens, je sais apprécier la beauté, qu'importe où elle se trouve."

Les joues de Makoto prirent sans autorisation une petite teinte rosâtre qui montrait ostensiblement qu'il était à la fois fier et gêné par la demande. Les photos qu'il prenait, il avait l'habitude qu'on les voit. Les profs ne demandaient pas la permission avant d'attraper les clichés de leurs élèves et l'école avait déjà fait plusieurs expositions pendant lesquels quelques photographies à lui avaient été affichées. Mais c'était toujours un sujet plus ou moins tabou et il avait systématiquement peur d'entendre des critiques qui puissent détruire toute sa motivation. Malgré cela, il hocha la tête pour lui dire que, oui, si elle voulait, elle pourrait voir quelqu'une de ses épreuves.

"Vous devez avoir du matériel de professionnel, n'est-ce pas ? Je suppose qu'un photographe n'est rien sans son propre appareil."
"Vous prenez des portraits ? Je veux dire, photographiez-vous seulement des paysages ?"

Il n'avait même pas eu le temps de répondre à la première question qu'une autre était arrivé. Visiblement, le sujet de conversation était le bon et leur rencontre serait peut-être beaucoup moins catastrophique maintenant qu'ils avaient trouvé un terrain d'entente. Il décida de répondre au deux questions dans l'ordre.

"Je ne dirais pas que j'ai du matériel de "pro". Je suis seulement en deuxième année et je ne suis pas le meilleur élève donc je me contente d'un matériel plus ou moins normal. Par contre, il me parait évident que chacun à son propre appareil. Nous n'avons pas de marque ou de modèle à prendre obligatoirement, chacun est libre de prendre celui qui lui correspond le mieux. Pour ma part, j'utilise un de ses nouveaux bidules numériques pour certains projets mais, en majorité, je préfère reflex ou les compact, même si le numérique à pas mal d'avantage ..."

Oups, il commençait à un peu trop parler et allait finir pas embêter la pauvre jeune femme avec ses histoires d'appareil en tout genre surtout que lui même s'y perdait parfois un peu avec tous ces noms. Et puis elle avait posé une autre question !

"Je suis plus habitué à prendre les paysages mais il m'arrive de faire des portraits pourquoi ?"

En fait, il avait bien une petite idée mais ça lui semblait plus amusant de pousser Marie à le dire plutôt que de risquer de se ridiculiser avec ce qu'il pensait, si jamais ce n'était pas ça.

La petite dame avait l'air beaucoup moins à l'aise tout à coup ce qui, bien qu'il n'en comprenait pas la cause, plaisait beaucoup au petit photographe. Trêve ou pas trêve, c'était elle qui avait déclaré la guerre en première et il avait bien l'intention de se réjouir de chaque faiblesse de l'ennemi ... même si sa façon de le pensait faisait un peu trop militaire à son goût. En tout cas, Marie n'en menait pas large et c'était vraiment intéressant. Ou alors il était en train de virer sadique ? Ce n'était pas bien bon tout ça finalement ...

"Eh bien... Je ne serais pas contre un portrait de moi sur ce bateau. Avec en fond, la mer, évidemment."

Gagné ! Finalement, il aurait pu mettre sa main au feu sur le sujet, il l'aurait sauvé. Il fit mine de réfléchir, même si son choix était déjà fait depuis le moment où l'idée qu'elle pouvait vouloir dire ça avait germé dans son esprit. Le bateau, la mer ... une lady plutôt spéciale mais avec néanmoins un charme qui lui était propre ... Voilà une photo qui pourrait être sympathique à prendre après tout.

"Je vous paierais bien entendu, si vous êtes d'accord. Toutefois, je comprendrais tout à fait que vous refusiez."

Ah oui ? Il était curieux de voir ça ... Une curiosité qui aurait presque pu le pousser jusqu'à choisir de refuser s'il n'avait pas tellement eu l'envi de se faire la main sur les portraits. Après tout, il allait bien falloir qu'il se décide à bosser dessus un peu s'il ne voulait pas rester à la traite par apport aux autres de la classe. Et oui, c'est la vie, il faut tout maîtriser pour être un bon photographe, y compris les photos avec des gens dessus ...

"Pas besoin de payer, ça sera pour me faire pardonner mon comportement peu distingué de tout à l'heure."

Beurk, qu'est-ce qu'il pouvait détester faire les lèches-bottes ... Mais bon, il pensait quand même ce qu'il disait, presque ... Il pensait le fait qu'il allait lui faire l'honneur d'une photographie gratuite, qu'il avait eu un comportement dans l'élégance était discutable ... Quand à se faire pardonner, nous rentrons là dans un tout autre domaine et il ne voyait pas ce qu'il aurait eu à se faire pardonner mais avait trouvé que ça allait relativement bien avec le reste de la phrase alors il l'avait collé là.

Par contre, il y avait des endroits pour faire développer les photos sur ce navire ?

"Alors... Quand voulez-vous faire ça ? Je n'ai pas un très planning très chargé en ce moment."

Il hocha la tête, bien conscient qu'elle n'était ici que pour se reposer et qu'elle avait donc tout le temps libre qu'elle voulait. Il aurait vendu son âme pour être dans la même situation, pouvoir se prélasser dans sa cabine toute la journée en attendant simplement que le temps passe. Même si, en journée, c'était plus ou moins ce qu'il faisait, ne travaillant au bar que le soir. En fait, il se cherchait probablement une raison pour faire encore la tête à la jeune femme, c'était tout. Mieux valait qu'il mette réellement la (mauvaise) première impression de côté sinon sa photo risquerait d'être complètement ratée. En deux ans, ce qu'il avait le mieux compris c'était qu'en prenant des choses qui ne lui plaisaient pas, il n'obtenait jamais un résultat correct.

"Quand vous voulez. Même maintenant si vous me laissez aller chercher mon appareil."

Après tout, le plus tôt serait le mieux comme ça, il n'aurait plus à se prendre la tête là dessus. Sa mémoire des dates étant légèrement défaillante, il préférait que ça ne s'étende pas trop loin dans le temps, étant capable de complètement oublier le rendez-vous qu'ils auraient fixé pour la photo.

"De préférence un samedi ou un dimanche, il y aura moins de chance que j'oublie"

Dans le doute, il sorti quand même de sa poche un stylo noir, prêt à prendre note de la date que lui indiquerait la jeune femme afin de ne pas être victime d'un mauvais tour de sa mémoire, une fois de plus.