Premiers pas sur le Sen'yo

Le grand jour était enfin arrivé. Li Mei s'apprêtait à s'embarquer à bord du Sen'yo. Pour elle c'était un peu le voyage de la dernière chance. Non elle ne partait pas en croisière, elle allait travailler. Elle avait signé un contrat en tant qu'artiste de cirque. Elle venait compléter une petite équipe de divertissement, finalement plutôt maigre, ce qui signifiait qu'elle allait sans doute devoir proposer des numéros très souvent pour ne pas dire tous les soirs. Enfin, on lui avait dit qu'elle y verrait plus clair quant à l'organisation une fois à bord. Elle avait appris qu'il y avait un cracheur de feu et jongleur, enfin du moins si elle avait bien compris. Cela la rassura un peu. Elle n'était pas la seule artiste de cirque au moins. Elle qui depuis toute petite avait l'habitude de vivre en communauté, l'inverse lui aurait fait bizarre.

Trainant ses deux valises à roulettes tant bien que mal derrière elle, elle marchait les yeux émerveillés et impressionnés par le cadre. Waouh! Le paquebot était magnifique et égalait avec ceux qu'elle avait pu voir dans les grands films hollywoodiens.

Beaucoup de passagers qu'elle avait croisé semblaient être aisés, ce qui lui mit tout à coup encore plus la pression, car cela est bien connu, les gens ayant de l'argent sont exigeants et très difficiles à satisfaire. Clair, cela n'allait pas être de la rigolade, et quelque part cela n'était pas pour lui déplaire.

Elle resta un instant là, plantée à l'avant du paquebot, se demandant quelle direction prendre pour se rendre à sa chambre. Elle avait déjà hâte d'aller s'entrainer. Enthousiaste elle l'était, restait ensuite à voir si elle allait pouvoir se produire en spectacle sans bloquer. Jusqu'à présent, elle n'avait pas réussi, chaque fois assaillie par l'image cauchemardesque de ses parents gisants au sol dans un bain de sang. A cette pensée, Li Mei ne put retenir une larme sur sa joue. Très vite, elle l'essuya. Elle se devait d'être forte, et faire honneur à ses parents.

Elle laissa ses valises en plein milieu du passage pour aller un instant à la rambarde humer l'air marin et regarder le mouvement des vagues. Elle pourrait rester des heures ainsi. Quel splendide spectacle!

Quand soudain la sérénité de l'instant fut rompu par un bruit sourd et des mots pas très corrects... Elle se retourna.
Quelqu'un était étalé par terre, ses valises à côtés... OUPS!